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    JANVIER 2016

    Ce mercredi se décline

    Au fil des heures qui s'enfuient

    Sur un silence de grande solitude.

    Un soleil presque printanier

    répand un sourire

    Sur mon jardin ...

    Nous sommes en janvier

    mais l'automne n'a pas accepté

    Que l'hiver déroule

    Son sempiternel rendez-vous

    De froidure opaline ...

    La pelouse est parsemée de pâquerettes

    Et les jonquilles

    Font un pied-de-nez

    Aux usages de saisons !

    La planète bleue

    A perdu sa boussole ...

    Les saisons s'épousent

    En douceur

    Et les humains se font encore

    Une belle guerre de religion ...

    Bafouant un dieu

    Qui, s'il existait

    Ne saurait être

    Ce pervers hideux

    Qui demandent aux hommes

    De tuer en son nom ...

     

    Eve 2016


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    J'ai écrit à Nano pour lui demander d'acheter quelques fleurs pour toi, pour habiller tes petits cailloux blancs de tendresse, pour te dire ... je pense à toi .... toi qui gèle dans le satin bleu de cet hiver d'une banlieue anonyme. Tu ne vis plus que par le souvenir si fort de notre affection. 

    Déposer des fleurs sur ta tombe, c'est dire aux vivants, à ceux qui restent, je suis des vôtres, moi aussi il me manque, moi aussi je ne me résigne pas, je veux qu'il vive dans nos mémoires !

    Honorer sa mémoire, c'est lui rendre hommage, c'est aller à l'essentiel ... laisser tomber les faux semblants, les paroles ne sont que bla bla bla, le mot présence met ses habits de noblesse, la fraternité redevient primordiale ...

    Son image passe et repasse dans ma tête, furtivement à des âges différents, avec plein d'expressions, je me l'offre comme un bain de jouvence, comme un cadeau ... lorsque je lui parle, lorsque je l'évoque, il me vient malgré moi un sourire ... oh bien sur ce n'est pas un éclat de rire, ce n'est pas un sourire bien gai, juste un sourire pudique teinté de bleu ... de bleu à âme ... c'est surtout ce lien qui nous unit ... encore, malgré tout ...

    Il y a quelques années, je disais que cela ne sert à rien d'aller au cimetière, qu'il fallait faire attention aux vivants et ne pas gâcher son argent pour du vent ... ça c'était au temps où je n'avais pas encore perdu quelqu'un que j'aimais ... et puis Marraine est partie, ce fut la première à m'infliger la contradiction ... le manque d'elle s'est installé, j'ai compris que je l'aimais beaucoup ... ensuite ce fut l'odieuse douleur de ton prénom dans le téléphone, qui disait l'insupportable ... maintenant je sais, petite crétine que j'aurai mieux fait de me taire !

    Je voudrai que ta tombe soit installée dans un coin de mon jardin pour venir souvent te saluer et parler ... je pourrai planter un magnolia pour te faire de l'ombre aux heures chaudes ... on écrirai juste MIMICE sur un marbre, à lui seul il dirait tout ... qui tu étais vraiment ... ce garçon au coeur tout tendre ... ton vrai prénom, Maurice, c'est bien trop lourd à porter un prénom pareil ... c'est un prénom d'adulte qui ne peut pas évoquer le petit garçon espiègle, les bêtises de l'enfant coquin, non, Maurice c'est un prénom de vieux et tu ne seras jamais vieux mon Mimice !

    Quand tu venais chez moi, tu étais complètement mon frère, rien n'avait changé, les années ne comptaient pas, tu poursuivais notre parenté, tu étais le même, tu savais le droit que te donnais notre proximité ... "salut Lilyne", ça va petite soeur? ... hum... c'étais si bon, c'était chaud d'être la petite soeur de ce frère là ! Quand il m'embrassait, son odeur me "pétait à la gueule" ... une odeur qui venait du plus profond de la mémoire, du début de ma vie, de toujours, une odeur imprimée au hit parade de mes plaisirs olfactifs ... gravée dans un frisson de bonheur ...

    Il jouait à l'ainé et je faisais semblant d'être d'accord. Il regardait notre enfance avec son propre regard, moi à ma façon et Nano avec la sienne, mais nous conjuguions nos connivences, les joies et les peines mixées à trois. Mimice vivait son droit d'être mon frère chez moi avec continuité, avec permanence.

    A table il sortait son couteau de sa poche et ça lui donnait un pouvoir magique de cérémonial ... il était lui ... complètement ... parfois il sortait aussi son mouchoir de sa poche, pas un kleenex, un de ces vieux mouchoirs en tissu à carreaux ... il se retournait et soufflait deux, trois fois bruyamment, puis il le repliait à sa manière et le rangeait ... je connais tous ses gestes ... il est de ma tribu ...

    Il ne parlait pas beaucoup Mimice, il écoutait plutôt ... pas trop longtemps, il n'aimait pas les "causeux", il s'en méfiait je crois, sauf peut être, oui, il avait de l'indulgence pour ceux qu'il aimait et je le sais qu'il m'aimait ... je l'ai lu dans ses bons yeux ... lui aussi il savait lire dans les yeux ... il plongeait son regard dans un grand fracas de silence, ses yeux bleus si tellement dénués d'artifice, dans ceux des gens ... il allait tout au fond, pleinement, comme pour chercher la vérité suprême de ceux qu'il rencontrait. S'il s'attardait dans son observation silencieuse en cillant pudiquement, c'est qu'il avait rencontré une humanité intéressante qui valait davantage de reconnaissance ... alors il pouvait se laisser aller à dire un mot ou deux, comme pour apprivoiser, pour séduire un peu ... il pinçait sa grosse moustache à la Brassens ... et puis il finissait par se lever dans un calembour et retournait pêcher dans la jolie petite rivière qu'il aimait tant avec cette démarche chaloupée, la Gitane maïs au bec, un bob sur la tête ...

    Toute la journée je suis restée là, à te parler, à t'évoquer mon Mimice ... " six pieds sous terre Mimice, tu frères encore ..."

    Lilyne


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    MON BEBOU

    Lorsque je m'évade au temps de ton enfance,

    Je revois encore cette frimousse

    Boudeuse dans l'impuissance,

    Ces éclats d'un rire cristallin,

    Qui illuminent tes yeux de fripouille ...

    Alors mon coeur, heureux comme jamais,

    Savoure avec mon âme

    Cet enfant si beau,

    Si tendre,

    Si âlin,

    Tellement attachant ...

    Quand un chagrin venait mouiller

    Tes yeux de faon,

    Je me souviens des averses de larmes

    Bien trop fortes pour un regard si doux ...

    C'était insupportable,

    Je te prenais dans mes bras

    En racontant des bêtises

    Pour effacer ta peine

    Au milieu des bisous,

    Afin que résonne encore et encore,

    En cascade

    Le joli petit rire frais

    De cet enfant

    Qui était le nôtre,

    Et que je regardais grandir

    Chaque jour

    dans un bonheur inouï ...

    Sacha, Sacha-Frantz,

    Frantzy, mon enfant chéri,

    Mon tout petit,

    Tu m'as offert ton enfance

    Et je l'ouvre de temps en temps

    Dans l'écrin de mes plus tendres souvenirs ...

     

    Eve avril 2006

     

     


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    VA !

    On est si peu de chose

    Quand l'autre s'en va,

    Dit le chanteur,

    Mais moi je suis tellement habituée

    A n'être qu'avec moi ...

    Même si tu es encore là ...

    J'espère au moins

    Que tu es vivant à toi,

    Que tu ne t'ennuies pas en ta compagnie

    Et que la tendresse d'une famille

    Ne soit pas, comme pour moi ...

    Un but en soi!

    Quand à nous, il y a si longtemps

    Que nous nous sommes perdus de vue

    Que lorsque tu reviens dans mon espace

    J'ai cette envie de te voir repartir

    Au loin de ma vie ...

    Va reprends ton si loin,

    J'ai besoin de cicatriser

    Les trop-près muselés

    En non-presence ...

     

    Eve juin 2014


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    Oh non, rêver n'est pas qu'utopie ... c'est le début des projets !


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  • VIVRE ...

     

     

    Souhaiter des richesses

    En abondance ...

    Aller aux quatre coins du monde ...

    Trouver l'amour ...

    Avoir des enfants ...

    Changer d'auto ...

    Acheter ...

    Acheter ...

    Acheter ...

    ...

    Dépèchons-nous

    De prendre tout ça

    Pour parvenir en urgence

    De jeter tout ce fatras

    A la poubelle

    Afin qu'au plus vite

    Vienne enfin  le moment

    Où nous comprendrons

    Que vivre ...

    C'est juste respirer ...

     

    Eve 2014


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  • J'ai vécu deux ans à Beyrouth, je venais de partir en vacances lorsque la guerre à éclaté ... mon mari et mon fils ainé étaient restés là-bas ... ils ont participé à faire rentrer les français chez nous ...

    Aujourd'hui Beyrouth est sous les attentats et Paris aussi ...

     

    Rouge et blanc avec un cèdre au milieu

    Le printemps de cette année là

    Avait éclaté

    Dans une moisson

    De drapeaux aux couleurs du Liban.

    Un espoir insensé

    Répandait des sourires

    Partout dans les rues.

    On avait envie de prendre la main

    Aux gens que l'on ne connaissait pas,

    Il y avait de la fièvre dans les yeux,

    On avait chassé l'importun,

    Aux prix des martyrs assassinés

    Ou blessés.

    Tout était possible,

    On voulait ...

    Vivre à nouveau

    Et non plus survivre ...

    Et ...

    La guerre ...

    A fait gicler

    En gerbe de sang

    L'été qui débutait,

    Dans une explosion de haine,

    De vengeance,

    Et de désir de domination ...

    Le pays reconstruit,

    Etait

    De nouveau en ruine ...

    Les civils tombaient,

    Tombaient,

    Tombaient ...

    Le sourire du printemps

    Devenait un abominable rictus,

    Dans cet été meurtrier.

    Loubnan, mon cher Loubnan

    Etait à feu et à sang ...

    De nouveau le feu des bombes

    dans des vacarmes

    Inhumains,

    La peur,

    Les larmes,

    L'effroi,

    Les blessés

    Et les morts ...

    Tant de morts ...

    Trop de morts ... !

    J'imagine les beaux yeux d'Andrée

    Terrifiés ...

    Je regarde à la télévision

    Comme dans un cauchemar,

    Le mauvais film

    Qui me tient

    Pétrifiée

    Devant l'écran,

    Je pense à tous nos amis,

    A mes deux amours

    Qui sont ensembles

    Là-bas,

    D'où je viens de partir ...

    Et alors

    L'irrésistible envie

    De courir les rejoindre

    Me dévore ...

    Je me sens lâche, inutile et voyeuse

    Loubnan, cher Loubnan ...

    Quelle place tu as pris dans mon coeur ...!

     

    Eve le 5 juillet 2006

     


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  • NON ....!

     

    " Ils pourront couper toutes les fleurs, mais ils ne pourront arrêter le printemps ... "

    Pablo Neruda


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    Les deux textes qui suivent sont forcément liés ... ils expliquent une enfance avortée ... qui construisit celle que j'allais devenir ...


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  • Marie-Ange ...

     

    Pour nos frères ainés,

    Tu étais la fille de l'autre...

    Ca leur faisait si mal

    Qu'ils t'ont refusé le droit

    De n'être en rien responsable

    et cela,

    Presque vingt ans durant ...

    Chez nous ... c'est moi

    Qui changeait tes couches,

    Te donnait le biberon,

    T'emmenait en promenade,

    Te grondait, t'embrassait,

    Te protégeait ... même mal ...

    J'ai cru que leur imposer le silence

    C'était te protéger ...
    J'étais bien trop jeune

    Pour être une mamant de substitution ...

    Tu étais une si jolie poupée blonde,

    Pétillante comme une coulée de champagne,

    Ton rire de cristal

    Eclatait dans la vie

    Comme un ruisseau fou

    Qui poursuit sa route

    En totale liberté ...
    La liberté, finalement, le voilà

    Ce mot qui te caractérise au plus près,

    Quand on agrandit ton chemin ...

    Ainsi on comprend bien comment,

    Toute seule

    Tu as tracé ta route

    Cahin-caha ...

    Avec le si peu qu'on t'a donné ...

    Nous étions tous des écorchés de la vie,

    Préoccupés tout naturellement

    A tenter une vie meilleure ...

    Ta place reste dans mon coeur

    A tout jamais ...

     

    Eve, mai 2014


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