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Par promeneve le 14 Janvier 2016 à 09:42
Ce mercredi se décline
Au fil des heures qui s'enfuient
Sur un silence de grande solitude.
Un soleil presque printanier
répand un sourire
Sur mon jardin ...
Nous sommes en janvier
mais l'automne n'a pas accepté
Que l'hiver déroule
Son sempiternel rendez-vous
De froidure opaline ...
La pelouse est parsemée de pâquerettes
Et les jonquilles
Font un pied-de-nez
Aux usages de saisons !
La planète bleue
A perdu sa boussole ...
Les saisons s'épousent
En douceur
Et les humains se font encore
Une belle guerre de religion ...
Bafouant un dieu
Qui, s'il existait
Ne saurait être
Ce pervers hideux
Qui demandent aux hommes
De tuer en son nom ...
Eve 2016
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Par promeneve le 3 Décembre 2015 à 07:33
J'ai écrit à Nano pour lui demander d'acheter quelques fleurs pour toi, pour habiller tes petits cailloux blancs de tendresse, pour te dire ... je pense à toi .... toi qui gèle dans le satin bleu de cet hiver d'une banlieue anonyme. Tu ne vis plus que par le souvenir si fort de notre affection.
Déposer des fleurs sur ta tombe, c'est dire aux vivants, à ceux qui restent, je suis des vôtres, moi aussi il me manque, moi aussi je ne me résigne pas, je veux qu'il vive dans nos mémoires !
Honorer sa mémoire, c'est lui rendre hommage, c'est aller à l'essentiel ... laisser tomber les faux semblants, les paroles ne sont que bla bla bla, le mot présence met ses habits de noblesse, la fraternité redevient primordiale ...
Son image passe et repasse dans ma tête, furtivement à des âges différents, avec plein d'expressions, je me l'offre comme un bain de jouvence, comme un cadeau ... lorsque je lui parle, lorsque je l'évoque, il me vient malgré moi un sourire ... oh bien sur ce n'est pas un éclat de rire, ce n'est pas un sourire bien gai, juste un sourire pudique teinté de bleu ... de bleu à âme ... c'est surtout ce lien qui nous unit ... encore, malgré tout ...
Il y a quelques années, je disais que cela ne sert à rien d'aller au cimetière, qu'il fallait faire attention aux vivants et ne pas gâcher son argent pour du vent ... ça c'était au temps où je n'avais pas encore perdu quelqu'un que j'aimais ... et puis Marraine est partie, ce fut la première à m'infliger la contradiction ... le manque d'elle s'est installé, j'ai compris que je l'aimais beaucoup ... ensuite ce fut l'odieuse douleur de ton prénom dans le téléphone, qui disait l'insupportable ... maintenant je sais, petite crétine que j'aurai mieux fait de me taire !
Je voudrai que ta tombe soit installée dans un coin de mon jardin pour venir souvent te saluer et parler ... je pourrai planter un magnolia pour te faire de l'ombre aux heures chaudes ... on écrirai juste MIMICE sur un marbre, à lui seul il dirait tout ... qui tu étais vraiment ... ce garçon au coeur tout tendre ... ton vrai prénom, Maurice, c'est bien trop lourd à porter un prénom pareil ... c'est un prénom d'adulte qui ne peut pas évoquer le petit garçon espiègle, les bêtises de l'enfant coquin, non, Maurice c'est un prénom de vieux et tu ne seras jamais vieux mon Mimice !
Quand tu venais chez moi, tu étais complètement mon frère, rien n'avait changé, les années ne comptaient pas, tu poursuivais notre parenté, tu étais le même, tu savais le droit que te donnais notre proximité ... "salut Lilyne", ça va petite soeur? ... hum... c'étais si bon, c'était chaud d'être la petite soeur de ce frère là ! Quand il m'embrassait, son odeur me "pétait à la gueule" ... une odeur qui venait du plus profond de la mémoire, du début de ma vie, de toujours, une odeur imprimée au hit parade de mes plaisirs olfactifs ... gravée dans un frisson de bonheur ...
Il jouait à l'ainé et je faisais semblant d'être d'accord. Il regardait notre enfance avec son propre regard, moi à ma façon et Nano avec la sienne, mais nous conjuguions nos connivences, les joies et les peines mixées à trois. Mimice vivait son droit d'être mon frère chez moi avec continuité, avec permanence.
A table il sortait son couteau de sa poche et ça lui donnait un pouvoir magique de cérémonial ... il était lui ... complètement ... parfois il sortait aussi son mouchoir de sa poche, pas un kleenex, un de ces vieux mouchoirs en tissu à carreaux ... il se retournait et soufflait deux, trois fois bruyamment, puis il le repliait à sa manière et le rangeait ... je connais tous ses gestes ... il est de ma tribu ...
Il ne parlait pas beaucoup Mimice, il écoutait plutôt ... pas trop longtemps, il n'aimait pas les "causeux", il s'en méfiait je crois, sauf peut être, oui, il avait de l'indulgence pour ceux qu'il aimait et je le sais qu'il m'aimait ... je l'ai lu dans ses bons yeux ... lui aussi il savait lire dans les yeux ... il plongeait son regard dans un grand fracas de silence, ses yeux bleus si tellement dénués d'artifice, dans ceux des gens ... il allait tout au fond, pleinement, comme pour chercher la vérité suprême de ceux qu'il rencontrait. S'il s'attardait dans son observation silencieuse en cillant pudiquement, c'est qu'il avait rencontré une humanité intéressante qui valait davantage de reconnaissance ... alors il pouvait se laisser aller à dire un mot ou deux, comme pour apprivoiser, pour séduire un peu ... il pinçait sa grosse moustache à la Brassens ... et puis il finissait par se lever dans un calembour et retournait pêcher dans la jolie petite rivière qu'il aimait tant avec cette démarche chaloupée, la Gitane maïs au bec, un bob sur la tête ...
Toute la journée je suis restée là, à te parler, à t'évoquer mon Mimice ... " six pieds sous terre Mimice, tu frères encore ..."
Lilyne
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Par promeneve le 22 Novembre 2015 à 08:32
Lorsque je m'évade au temps de ton enfance,
Je revois encore cette frimousse
Boudeuse dans l'impuissance,
Ces éclats d'un rire cristallin,
Qui illuminent tes yeux de fripouille ...
Alors mon coeur, heureux comme jamais,
Savoure avec mon âme
Cet enfant si beau,
Si tendre,
Si âlin,
Tellement attachant ...
Quand un chagrin venait mouiller
Tes yeux de faon,
Je me souviens des averses de larmes
Bien trop fortes pour un regard si doux ...
C'était insupportable,
Je te prenais dans mes bras
En racontant des bêtises
Pour effacer ta peine
Au milieu des bisous,
Afin que résonne encore et encore,
En cascade
Le joli petit rire frais
De cet enfant
Qui était le nôtre,
Et que je regardais grandir
Chaque jour
dans un bonheur inouï ...
Sacha, Sacha-Frantz,
Frantzy, mon enfant chéri,
Mon tout petit,
Tu m'as offert ton enfance
Et je l'ouvre de temps en temps
Dans l'écrin de mes plus tendres souvenirs ...
Eve avril 2006
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Par promeneve le 19 Novembre 2015 à 19:31
On est si peu de chose
Quand l'autre s'en va,
Dit le chanteur,
Mais moi je suis tellement habituée
A n'être qu'avec moi ...
Même si tu es encore là ...
J'espère au moins
Que tu es vivant à toi,
Que tu ne t'ennuies pas en ta compagnie
Et que la tendresse d'une famille
Ne soit pas, comme pour moi ...
Un but en soi!
Quand à nous, il y a si longtemps
Que nous nous sommes perdus de vue
Que lorsque tu reviens dans mon espace
J'ai cette envie de te voir repartir
Au loin de ma vie ...
Va reprends ton si loin,
J'ai besoin de cicatriser
Les trop-près muselés
En non-presence ...
Eve juin 2014
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Par promeneve le 17 Novembre 2015 à 21:32
Souhaiter des richesses
En abondance ...
Aller aux quatre coins du monde ...
Trouver l'amour ...
Avoir des enfants ...
Changer d'auto ...
Acheter ...
Acheter ...
Acheter ...
...
Dépèchons-nous
De prendre tout ça
Pour parvenir en urgence
De jeter tout ce fatras
A la poubelle
Afin qu'au plus vite
Vienne enfin le moment
Où nous comprendrons
Que vivre ...
C'est juste respirer ...
Eve 2014
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Par promeneve le 16 Novembre 2015 à 21:27
J'ai vécu deux ans à Beyrouth, je venais de partir en vacances lorsque la guerre à éclaté ... mon mari et mon fils ainé étaient restés là-bas ... ils ont participé à faire rentrer les français chez nous ...
Aujourd'hui Beyrouth est sous les attentats et Paris aussi ...
Le printemps de cette année là
Avait éclaté
Dans une moisson
De drapeaux aux couleurs du Liban.
Un espoir insensé
Répandait des sourires
Partout dans les rues.
On avait envie de prendre la main
Aux gens que l'on ne connaissait pas,
Il y avait de la fièvre dans les yeux,
On avait chassé l'importun,
Aux prix des martyrs assassinés
Ou blessés.
Tout était possible,
On voulait ...
Vivre à nouveau
Et non plus survivre ...
Et ...
La guerre ...
A fait gicler
En gerbe de sang
L'été qui débutait,
Dans une explosion de haine,
De vengeance,
Et de désir de domination ...
Le pays reconstruit,
Etait
De nouveau en ruine ...
Les civils tombaient,
Tombaient,
Tombaient ...
Le sourire du printemps
Devenait un abominable rictus,
Dans cet été meurtrier.
Loubnan, mon cher Loubnan
Etait à feu et à sang ...
De nouveau le feu des bombes
dans des vacarmes
Inhumains,
La peur,
Les larmes,
L'effroi,
Les blessés
Et les morts ...
Tant de morts ...
Trop de morts ... !
J'imagine les beaux yeux d'Andrée
Terrifiés ...
Je regarde à la télévision
Comme dans un cauchemar,
Le mauvais film
Qui me tient
Pétrifiée
Devant l'écran,
Je pense à tous nos amis,
A mes deux amours
Qui sont ensembles
Là-bas,
D'où je viens de partir ...
Et alors
L'irrésistible envie
De courir les rejoindre
Me dévore ...
Je me sens lâche, inutile et voyeuse
Loubnan, cher Loubnan ...
Quelle place tu as pris dans mon coeur ...!
Eve le 5 juillet 2006
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Par promeneve le 16 Novembre 2015 à 11:39
" Ils pourront couper toutes les fleurs, mais ils ne pourront arrêter le printemps ... "
Pablo Neruda
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Par promeneve le 10 Novembre 2015 à 09:29
Les deux textes qui suivent sont forcément liés ... ils expliquent une enfance avortée ... qui construisit celle que j'allais devenir ...
2 commentaires -
Par promeneve le 10 Novembre 2015 à 09:24
Pour nos frères ainés,
Tu étais la fille de l'autre...
Ca leur faisait si mal
Qu'ils t'ont refusé le droit
De n'être en rien responsable
et cela,
Presque vingt ans durant ...
Chez nous ... c'est moi
Qui changeait tes couches,
Te donnait le biberon,
T'emmenait en promenade,
Te grondait, t'embrassait,
Te protégeait ... même mal ...
J'ai cru que leur imposer le silence
C'était te protéger ...
J'étais bien trop jeunePour être une mamant de substitution ...
Tu étais une si jolie poupée blonde,
Pétillante comme une coulée de champagne,
Ton rire de cristal
Eclatait dans la vie
Comme un ruisseau fou
Qui poursuit sa route
En totale liberté ...
La liberté, finalement, le voilàCe mot qui te caractérise au plus près,
Quand on agrandit ton chemin ...
Ainsi on comprend bien comment,
Toute seule
Tu as tracé ta route
Cahin-caha ...
Avec le si peu qu'on t'a donné ...
Nous étions tous des écorchés de la vie,
Préoccupés tout naturellement
A tenter une vie meilleure ...
Ta place reste dans mon coeur
A tout jamais ...
Eve, mai 2014
3 commentaires
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